NETANYAHOU VA DEVOIR PAYER LE PRIX DE L’HYBRIS

Article en français qui nous a été envoyé par Mr. Warsawsky (Tel Aviv), membre du Conseil Consultatif de la FACM.
NETANYAHOU VA DEVOIR PAYER LE PRIX DE L’HYBRIS
Il y a cinquante ans, l’armée israélienne était prise de surprise par l’attaque égypto-syrienne, et des milliers de soldats en payaient le prix ; il faudra plusieurs semaines pour retourner la situation, mais la guerre de 1973 restera gravée dans l’histoire comme une défaite. Le 7 octobre 2023, Israël est à nouveau surprise, cette fois par des milliers de militants du Hamas de Gaza qui font tomber le système de clôture qui encercle leur territoire, pénétrant sur le territoire israélien et y commettent des attaques sanglantes qui font plus de mille morts ; par ailleurs, les Gazawis parviennent à enlever plusieurs centaines d’otages qu’ils ramènent dans leur territoire et qui vont vraisemblablement servir à un futur échange de prisonniers.
Le dénominateur commun entre ces deux évènements porte un nom en grec classique: l’hybris, c’est-à-dire un aveuglement engendre par un excès de puissance, ou de puissance apparente. Peu avant la guerre de 1973, le général Moche Dayan se vantait qu’Israël s’était donne les moyens pour imposer une situation de « ni guerre ni paix » pour les cent ans a venir (sic). Cinquante ans plus tard Benyamin Netanyahou et les voyous qui l’entourent étaient persuadés que les deux millions de Gazawis accepteraient le siège qui leur est impose depuis plus de 15 ans en se contentant de lancer de temps à autre des roquettes assez primitives. Cette fois ce sont des milliers de civils qui paient le prix, en particulier dans les localités qui appartiennent à ce qu’on appelle
« l’enveloppe de Gaza ».
On l’a souvent répète : Gaza est une cocotte-minute sous laquelle brule en permanence le feu des agressions israéliennes et qui subit un siège barbare, auquel d’ailleurs participe le pouvoir égyptien. Tôt ou tard la cocotte-minute explosera. « Les meilleurs services de renseignement du monde » (comme on l’avait déjà vu en 1973 !) n’ont rien vu venir : eux aussi ont été piégés par l’hybris.
Hybris et corruption : car au-delà de l’aveuglement politique, le pouvoir Netanyahou se caractérise aussi par un niveau de corruption inédit : le premier ministre, sa femme et son voyou de fils (envoyé en exile de luxe de l’autre cote de l’Atlantique à la demande expresse des responsables de la sécurité personnelle de Netanyahou), aiment l’argent et le luxe: ils sont entourés de millionnaires qui les couvrent de cadeaux, en échangé, évidemment, de services rendus. Sans parler des budgets faramineux pour les partis religieux et leurs institutions en échange de leur soutien politique indéfectible.… et pétage de plomb : par deux fois les Israéliens ont pu récemment voir et écouter Netanyahou a la télévision: ce n’est plus le même homme.
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Celui qui était considère comme le démagogue le plus efficace de la classe politique israélienne n’était plus que l’ombre de ce qu’il était, un homme éteint et apeure. Certains journalistes en général bien informes n’hésitent plus à parler en termes médicaux. Ne l’oublions pas : le premier ministre est inculpé pour trois affaires de corruption et le risque de connaitre le même sort que son lointain prédécesseur Ehoud Olmert (qui a fait de la prison pour corruption) est réel. S’il n’y avait eu les pressions de sa femme Sara et du voyou, il semble que Netanyahou était prêt a accepter un deal avec le parquet: plaider coupable en échangé d’une peine allégée et de se retirer de la politique.
Netanyahou sait pertinemment qu’après la fin de la guerre actuelle, la constitution d’une commission d’enquête nationale sera la demande principale du mouvement de masse qui, avant la crise actuelle, s’était mobilisé contre la corruption de Netanyahou. Ce mouvement n’a pas disparu, mais s’est pour l’instant recycle dans la prise en charge des déplaces de l’« enveloppe de Gaza ». Car là aussi, l’Etat Netanyahou a été totalement absent, et c’est la société civile qui a pris en charge les dizaines de milliers de déplaces, leurs besoins matériels, l’appui psychologique et l’éducation
des enfants.
La population civile de Gaza paie un prix colossal pour avoir osé défier le colonialisme israélien. Ce que l’armée israélienne commet depuis maintenant un mois appartient à la catégorie des crimes contre l’humanité. L’Etat d’Israël et ses gouvernants devront rendre des comptes devant les instances de justice internationales, ainsi que leurs complices, de Joe
Biden à Emmanuel Macron.
Même si la rage des Gazawis a fait de très nombreuses victimes civiles (donc innocentes) israéliennes, il faut dire haut et fort qu’ils ont été poussés à cette réaction extrême par un siège barbare, confirmant ainsi une vieille leçon de l’histoire : la barbarie de l’oppresseur déteint souvent sur l’opprime et le barbarise à son tour. C’est un crime suplémentaire a inscrire sur le compte de l’occupant colonial israélien.
MICHAEL WARSAWSKY, Tel Aviv, 07/11/2023
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