Cours «Expert universitaire dans les sociétés méditerranéennes: citoyenneté et changements sociopolitiques en Méditerranée»
Cours «Expert universitaire dans les sociétés méditerranéennes: citoyenneté et changements sociopolitiques en Méditerranée»
Université de Valencia – FACM
Le défi actuel de la construction de l’identité euro-méditerranéenne
Vidéoconférence inaugurale – 30 novembre 2022
par Maria Donzelli
Je suis honoré d’inaugurer ce cours sur la Méditerranée et je remercie la Fondation ACM et l’Université de Valence pour leur hospitalité. Je vous remercie tous pour votre présence.
La situation géopolitique de l’espace méditerranéen présente des criticités inquiétantes en raison des conditions difficiles des pays situés sur les 3 rives – Nord, Sud, Est -, en raison de l’aggravation des crises financières qui, notamment à partir de 2008, se sont succédées, des vagues migratoires croissantes à cause des guerres permanentes – je pense au conflit israélo-palestinien, à la guerre en Syrie, à la guerre au Yémen, au conflit entre la Turquie et les Kurdes, à la déstabilisation du Liban et de la Jordanie, à la situation de la Lybie, etc.
La pandémie de Covid-19, le changement climatique de plus en plus pressant et accélérant, la guerre russe en Ukraine et la menace d’une guerre nucléaire mondiale ont compromis l’équilibre des pouvoirs au sein de l’UE et entre l’UE et les autres puissances mondiales; ces évènements ont déplacé l’attention de l’UE vers son côté oriental, bouleversé ses priorités et sa relation avec la Méditerranée.
Cependant, même si la crise actuelle est partie du flanc oriental de l’UE, la Méditerranée est, une fois de plus, le terrain de jeu où les conséquences de cette guerre sont les plus visibles et tangibles, où les perspectives et la coopération sont à nouveau menacées. La situation dans la zone est très instable et les rapports de force établis jusqu’à présent sont fortement remis en cause : la Russie vise à avoir un débouché en Méditerranée, la Turquie vise à gérer son hégémonie, la Chine vise à étendre son marché en restaurant l’historique « route de la soie ». Les pays de la rive sud de la Méditerranée connaissent une période d’instabilité politique suite à l’échec du dit « printemps arabes » et ont de plus en plus tendance à se rabattre sur des formes plus ou moins explicites de gouvernance autocratique, avec dictatures plus ou moins manifestes. Les pays d’Afrique subsaharienne subissent des changements climatiques dramatiques, continuent de lutter pour initier des formes de gouvernements démocratiques et se débattent dans diverses formes de conflits et de guerres, ignorés par l’opinion publique internationale ou considérés comme endémiques et fonctionnels à l’exploitation des énormes richesses et matières premières de ces pays, malgré la marque de “pays pauvres”, dû à la “vulgate” de la pensée occidentale, ou plutôt occidentaliste.
Il ne faut pas oublier que la Méditerranée accueille des bases de l’OTAN, et qu’elle est devenue le “cimetière” de migrants désespérés, qui tentent d’échapper à des situations invivables. Il ne faut pas oublier non plus le rôle des Etats Unis et leur volonté hégémonique sur l’UE et la Méditerranée, qui constituent le pont nécessaire pour leur hégémonie mondiale.
Si tel est le scénario de notre présent tourmenté, cela a-t-il un sens de parler de « construire une identité euro-méditerranéenne » ? Et pourquoi la construction de cette identité représente aujourd’hui un défi ? Qu’entendons-nous par « identité » au 21e siècle, dans un monde où la technologie semble dominer et semble avoir échappé à celui qui l’a produite ? Sommes-nous les robots ou ceux que nous construisons?
On vit une période difficile mais très importante pour notre histoire et pour le sort du monde, une période que je n’hésite pas à définir « grave ». En ce moment le rôle de la connaissance et de la « philosophie » (dans le sens étymologique du terme, comme amour pour la connaissance, mais surtout comme la discipline qui peut nous fournir les clefs logiques du processus d’unification/distinction culturelle et politique), ce rôle est fondamentale. C’est ne pas par hasard que l’Europe industrielle, économique, technologique et scientifique est obligée de se poser la question philosophique sur l’objet de sa propre unification politique souhaitée et sur la méthode à adopter, au-delà des Etats nationaux, dans une perspective ouverte et non fermée, inclusive et non exclusive des réalités qui composent se propre cultures et celles de ses espaces. Il ne faut pas oublier que la Méditerranée du Nord est l’Europe et que cette Méditerranée fait partie intégrante d’une réalité plus complexe qui est l’espace de la mer qui nous relie et nous baigne, et qui comprend toutes les rives de cette mer, sans exclusion. Pour sortir de l’impasse conflictuel qui risque de détruire l’avenir de la Méditerranée, on est tous obligés à récupérer la « Fronesis », la sagesse perdue, à tisser avec patience une nouvelle relation entre le Logos, la raison, et la Fronesis, la sagesse, qu’il faut activer dans chaque culture, et à forcer les rapprochement des différence au nom d’un destin commun.
Mais, pourquoi la Méditerranée est si fondamentale dans ce processus de reconquête de l’équilibre entre la raison et le raisonnable?
Paul Valery, dans ses Essais quasi politiques, écrits dans la première partie du XXème siècle, à la suite du premier conflit mondial, dans une période de chaos pour l’Europe, pose une série d’interrogations dramatiques sur le vieux continent, sur son futur, sur sa politique, sur sa culture, sur son histoire culturelle. La réflexion sur la crise et sur la possibilité de sa résolution portent Valery presque automatiquement à déterminer les points de référence de l’Europe : la Méditerranée et la Mittel-Europe, les deux axes nord-sud et estouest, qu’il considère structurels à notre continent et qu’il faut tenir ensemble.
Le rôle de la Méditerranée dans ce que Valery définit « l’esprit européen » est déterminant. Tous les peuples qui sont arrivéssur ses rives se sont mêlés, se sont changé des marchandises, ont fondé des ports, des colonies dans lesquelles ont changé non seulement les objets du commerce mais aussi leurs croyances, les langages, les mœurs, les conquêtes de la science et de la technique, leurs émotions, etc. La Méditerranée dans son bassin oriental avait déjà vu se former une « preEurope ». Pour Valery l’Egypte, la Phénicie ont été la préfiguration de la civilisation européenne ; en suite sont venus les Grecs, les Romains, les Arabes, les populations ibériques et celles du Nord, etc. La fonction fondamentale de la Méditerranée pour l’Europe et la vocation européiste de la Méditerranée sont des points de références acquises à la réflexion de Valery ; mais il va plus loin puisque sur les rives, où plusieurs peuples se sont mêlés, rencontrés et instruits l’uns avec les autres, à chaque époque sont venus des autres peuples encore, attirés, dit lui, par son ciel azur, par la beauté et l’intensité de la vie sous le soleil : les Celtes, les Slaves, les peuples germaniques ont subi son charme et la Méditerranée est devenue d’un côté l’objet du désir universel, de l’autre l’espace d’une activité humaine qui implique le coté économique, intellectuel, politique, religieux, artistique, etc.
De toute façon, si l’Europe pour Valery est avant tout créatrice de la science moderne, le lieu du logos, du progrès technique, mais aussi le lieu de la crise et de la guerre, fils de ce même progrès, la Méditerranée représente son esprit de sagesse. Dans cette perspective, la première question qui se pose est celle de savoir si l’Europe peut fonder son unité politique, encore à construire, sur la base d’une identité unitaire et déjà définie.
En réalité, il est très difficile de définir une identité européenne unitaire qui, plus tôt, nous semble être imposée aux individus et aux nations en fonction des exigences politiques et économiques des gouvernements nationaux et par la nécessité de construire un entité politique supranational, jamais attente jusqu’à présent. Il y a plusieurs identités culturelles en Europe, ce qui fait aussi sa richesse et ses difficultés actuelles. Du reste, il n’est pas possible de poser le problème de l’identité de l’Europe d’une manière monolithique, volontariste et donc superficielle, qui risque de devenir une autre forme d’idéologie très dangereuse. Il est par contre, nécessaire de reconnaitre et de valoriser les diversités à travers une politique responsables, et poser la question du rapport entre les différentes identités culturelles et la possibilité d’une conscience politique européenne. Cette conscience doit être unitaire et surtout historique, c’est-à-dire, liée à la scansion du temps : le passé – la mémoire ; le présent – la réalité, l’action ; l’avenir – la perspective.
A partir de cette position on peut indiquer les traits principaux du patrimoine de la culture européenne qui – par effet du Logos hérité de la culture classique gréco-romaine, des théologies des différente formes de Christianisme et du Judaïsme, de l’universalisme des lumières – conçut comme universel ses valeurs et les droits proclamés. Toutefois, aujourd’hui, l’universalité de valeurs européennes est mise en question par d’autres civilisations et cultures, qui considèrent l’attitude de l’Europe comme l’héritage de l’idéologie impérialiste des XXème et XXIème siècle.
Or, la connaissance et la valorisation de ce patrimoine culturel est une tâche qui concerne toutes les cultures présentes dans l’espace européen. Mais, si on accepte cette perspective, alors l’Europe ne peut pas faire abstraction de la Méditerranée, de son espace et de ses cultures ; d’autre part, les pays qui se trouvent à l’Est et au Sud de la Méditerranée , dont les cultures sont en même temps des éléments de la culture européenne, ne peuvent pas faire abstraction de l’Europe, de ses problèmes et de sa complexité : cette complexité les concerne directement, puisque leur histoire a, elle aussi, des éléments de culture européenne, dues à l’histoire séculaire de la Méditerranée dans son ensemble et à celle plus récente qui, dans le meilleur et dans le pire, est toujours témoin d’une vie commune et continuelle, pacifique ou conflictuelle.
Un autre trait de la civilisation européenne est l’affirmation d’une certaine identité socio-économique, qui trouve ses origines dans le XIXème siècle avec le système de production capitaliste, strictement lié à la formation des Etats nationaux et à la fonction politique de l’Etat comme forme universelle et suprême de garantie de la société civile. L’adoption du système de production capitaliste détermine actuellement la marché global et à portée l’Europe à une alliance de plus en plus stricte avec les Etats-Unis, surtout sur le plan économique et des stratégies politique et d’expansion. En plus ce système, à tort ou à raison, semble être lié à un modèle de démocratie occidentale qu’on veut faire globaliser. On peut vérifier ce trait aussi dans le style de vie et les moyens de consommation qui tend à s’uniformiser de plus en plus sur toute la planète, etc. Un autre trait caractérisant la civilisation européenne, au-delà d’une certaine identité diffusée et présumée comme modèle, est l’existence d’une identité créée, produite par les acteurs du temps, y compris les mass-médias, imposée par les exigences des rapports des forces économiques et politiques, mais aussi voulue par l’exigence d’un dialogue retenu « nécessaire », capable de réduire les conflits et les risques de la destruction globale.
Ce trait nous porte au cœur de notre problème et à réfléchir sur la mutation qu’a subi le concept même d’identité dans notre culture occidentale dite « postmoderne ». De John Locke jusqu’à Sigmund Freud, l’identité a été caractérisée sur le plan théorique par une sorte de « permanence » par rapport à nos origines, à notre milieu, à nos habitudes, aux modèles que les sociétés nous imposent. Mais, aujourd’hui, l’identité devient discontinue : il n’y a plus une continuité ni de la personne, ni des sociétés. Les références sociales changent très rapidement et on ne peut plus se fonder ni sur une « permanence » intérieure, ni sur une «permanence » due à une source externe unique qui puisse nous servir de paramètre ou de cliché, car cette source est destinée à se modifier, à disparaitre, à être remplacée. Nous vivons dans une société « liquide », comme le dit le sociologue Zygmunt Baumann. Aujourd’hui, il semble donc plus utile de récupérer l’ancien concept d’Héraclite : la vie est transformation, il n’y a plus des catégories rigides ou de « permanence » acquises. Au cours de la vie de l’individu mais aussi des sociétés, certaines habitudes disparaissent, d’autres s’installent et, nécessairement, les individus et les sociétés changent et deviennent d’autres réalités. Le changement est donc en quelque sorte inéluctable, puisque la vie même est changement. Mais dans le cas des identités culturelles, il s’agit de prendre conscience de ce changement, des diversités culturelles et de promouvoir une sorte de reconnaissance réciproque. Il s’agit de gouverner le changement et la transformation en se fixant toujours des objectifs bénéfiques pour l’évolution pacifique des rapports humains.
On ne peut pas savoir qui nous sommes sans les autres. Les autres nous disent qui et comment nous sommes. Les autres en réalité sont là pour nous obliger à nous confronter avec notre prochain. Mais, attention!, si les autres nous dévoilent à nous même, peuvent aussi nous voiler et nous manipuler. La conscience de ce que nous sommes et la reconnaissance des autres nous permettent de surmonter cette contradiction, une contradiction que nous devons apprendre à gouverner en tant qu’individus et en tant que sociétés. Si on aborde le thème de l’autre à travers la culture arabe, on découvre une grande richesse de possibilité d’études comparatives.
Cette comparaison soulève une série des problèmes qui concernent le domaine spécifique de la philosophie : quelle place la philosophie occupe dans la culture arabo-islamique contemporaine ? Quelle fonction elle exerce dans le processus de modernisation de cette culture ? Quel espace la philosophie occupe dans les institutions, dans les mass medias des pays du monde arabe ? La philosophie est-elle toujours strictement liée à la religion islamique où la pensée critique a conquis son espace dans les sociétés arabo-islamiques ? Quel rapport existe-t-il entre la philosophie, la littérature et la poésie dans le monde arabo-islamique ? Dans la complexité du monde islamique, il est possible de saisir une opposition entre un courant de la pensée critique et innovatrice et celle d’une pensée imitative et répétitive des modèles donnés par la tradition. Mais ce dilemme ne se pose pas seulement dans le contexte de la culture arabo-islamique, puisqu’il renvoie en général au concept de culture et au thème de l’identité en tout lieu : on peut concevoir la culture comme un patrimoine à conserver qui définit l’identité du sujet, mais aussi celle des peuples et jusqu’ici celle des nations ; ou bien la concevoir comme un processus qui se déroule sur la base de la rencontre avec la diversité, avec l’autre.
A partir de la conscience de la diversité et de la variété des positions même dans la culture religieuse islamique, on pourrait croire qu’il existe la possibilité actuellement d’ouvrir un domaine de recherche dans cette direction entre philosophes, historiens, sociologues, littéraires et poètes des 3 rives de la Méditerranée. Cette recherche comparative commune pourrait être très utile à la réflexion sur le rôle de la philosophie et de la culture humaniste dans le contexte euro-méditerranéen.
La réflexion philosophique ne peut pas exclure celle sur l’histoire. Les deux domaines sont liés entre eux en tout lieu et dans toute culture. On a l’impression que dans une grande partie du monde arabo-islamique, l’histoire, loin d’être le lieu de la liberté et du progrès – comme la tradition historiciste italienne nous l’a indiqué à travers les ouvrages de B. Croce et d’Antonio Gramsci – est devenue une forme idéologique qui bloque l’exercice de la liberté et du progrès et empêche la tutelle des droits de l’homme et la possibilité d’accéder à la modernité dans sa dimension critique et dialectique (cf. Iran, Afghanistan, etc.). Cette condition de l’histoire ne concerne pas seulement le monde araboislamique, mais dans ce monde elle semble trouver des spécificités qu’il faut étudier, comprendre, connaitre et interpréter dans la perspective d’une relation et d’une collaboration culturelle bénéfique entre le 3 rives de la Méditerranée.
Mais, on le sait, la défense de sa propre identité porte souvent à nier l’humanité de l’autre, qui est conçu comme un être impur, dont la présence menace une communauté idéalisée comme pure et donc à préserver d’éventuelles contaminations. D’ailleurs, l’une des conséquences extrêmes de la xénophobie diffusée aujourd’hui dans notre monde globalisé est la création de l’étranger absolu qui devient une menace globale et dont il faut se défendre. La conséquence extrême de cette attitude est le racisme, qui est un signe très inquiétant et malheureusement présent toujours dans toutes nos sociétés contemporaines, en dépit des enseignements de l’histoire du XXème siècle, dont la période la plus terrible a été celle du nazisme et du fascisme qui ont exterminé 6 millions de Juifs ; sans compter les massacres dus à la colonisation dans les pays d’Afrique, aux guerres et à l’abolition de toute forme des droits de l’homme pour énormes masses des migrants dans notre « civilisé » XXIème siècle. La Shoa, par ex., a pesé et pèse encore sur la conscience de l’Europe et de l’Occident en général. Le conflit arabo-israélien a reporté la question de l’altérité et de la reconnaissance de l’autre au centre des réflexions euro-méditerranéennes dans la spécificité d’une situation qui conduit deux interlocuteurs à s’interroger sur une condition catastrophique qui apparemment ne trouve pas des solutions pacifiques.
Je termine cette réflexion imparfaite sur un thème si complexe regardant la question de la construction d’une identité euro-méditerranéenne avec une considération et un espoir.
La considération : la Méditerranée qui a eu un rôle fortement identitaire et culturel complexe de l’antiquité jusqu’à nos jours, est devenue un nœud de problèmes, de conflits, de confrontations, mais il n’a jamais cessé d’être un lieu d’échange, de rencontres, de contacts…, en dépit des échecs des politiques internationales et des institutions, comme l’Union pour la Méditerranée, enfermée désormais dans un bureaucratisme incompréhensible…
Cette réalité nous fait penser que le destin commun ou la « communauté de destin » de l’Europe, selon l’expression de Thomas Mann reprise par Edgar Morin, inclut et non exclut la Méditerranée, ses identités et ses cultures. Donc on doit travailler durement pour transformer les différences en points de force et dans la promotion d’un dialogue interculturel continu et perpétuel, si nous voulons construire un espace de paix et de cohabitation civile.
Et voici l’espoir : j’espère que les femmes et les hommes de culture, les institutions de formation et de recherche, ainsi que les gouvernements des 3 rives de la Méditerranée pourront apprendre, avant ou après, mais dans un temps raisonnable, la leçon qui vient du croisement de la philosophie, de l’histoire, de la littérature, de la poésie et de la fonction que doit exercer celui qui écrit dans ce domaine, mais aussi de celui qui s’engage dans les études, et qui se prépare, comme vous, à être non seulement un expert, mais un acteur protagoniste des changements nécessaires, tout en se mettant à l’écoute d’abord de soi-même et des personnes qui vivent les situations difficiles évoquées, car il ne faut jamais oublier que, comme nous le rappelle l’écrivain israélien David Grossmann, dans notre armure, comme dans celle de notre ennemi, il y a toujours une personne.
Vidéoconférence: https://uv-es.zoom.us/rec/play/UC4DQq6PyhKbTof7P3WrCokz1-vrXQgLmgJzT8UxQbshG4DQyEZDLR25819EXWd67mpFY6a9sHKlnlf8.cJpw57MzYTDrs2dG