La culture palestinienne, mémoire et arme pour la libération – La cultura palestinese: memoria e arma di liberazione
Par Hassan ALBALAWI
Écrivain et ambassadeur de l’État de Palestine au Mali
La culture, mémoire vivante des peuples
La culture est la mémoire des peuples et des nations, le symbole de leur civilisation. Elle est intimement liée à la structure fondamentale des sociétés. Chaque nation possède sa propre culture, chaque peuple ses rituels et traditions qui le distinguent.
Si cette affirmation vaut pour tous les pays et peuples indépendants vivant dans une relative stabilité, elle prend une importance encore plus grande pour les peuples menacésd’effondrement.
L’histoire de toutes les formes de colonialisme moderne nous a appris que la culture est souvent la première cible des puissances coloniales. Leur objectif est clair : anéantir l’existence d’un peuple, briser sa résistance et le maintenir sous domination. Car la culture, sous toutes ses formes, est le témoin de l’existence d’une nation et de sa lutte pour la liberté
et l’indépendance.
Ainsi, l’action culturelle devient un acte de résistance par excellence, souvent antérieur à l’action politique, militaire ou militante pour les peuples soumis à l’occupation. C’est pourquoi les forces d’occupation la visent systématiquement, au même titre que les autres formes de lutte légitime.
Wael Zwaiter : la résistance par la culture
Si nous croyons en cette affirmation, il est important de rappeler qu’ici même, en Italie — patrie de la Renaissance dans les arts, l’architecture, la littérature, la philosophie, les sciences et l’innovation — un intellectuel palestinien a incarné cette lutte culturelle : Wael Zwaiter, premier représentant de l’OLP à Rome, assassiné le 17 octobre 1972 par les services de renseignement israéliens.
Né en 1934 à Naplouse, fils du penseur et traducteur palestinien Adel Zwaiter, Wael fait ses études secondaires en Palestine, puis à Damas où il obtient un diplôme de doctorat en langue et archéologie arabes. En 1967, il s’installe en Italie et œuvre sans relâche pour défendre la cause palestinienne et sensibiliser l’opinion publique italienne et internationale.
Il crée la revue mensuelle Palestina, donne de nombreuses conférences et contribue à la création du Comité italien de solidarité avec le peuple palestinien, rassemblant intellectuels et parlementaires.
Parmi ses réalisations majeures, figure la traduction en italien des Mille et Une Nuits, en collaboration avec l’orientaliste Francesco Gabrieli. Le soir de son assassinat, Wael tenait entre ses mains un volume de ce chef-d’œuvre, transpercé par les balles. Israël interdit le rapatriement de sa dépouille à Naplouse ; il repose au camp de Yarmouk à Damas.
Wael Zwaiter n’a jamais porté les armes ; son engagement était intellectuel, culturel et journalistique. C’est précisément cette dimension — jugée plus dangereuse que l’action militaire — qui a motivé sa liquidation.
D’autres figures de la résistance culturelle
Wael Zwaiter n’est pas un cas isolé.
• Ezzedine Kalak, deuxième représentant de l’OLP à Paris, est assassiné le 2 août 1978.
Docteur en chimie de l’Université de Poitiers, il contribue à mettre en valeur l’identité culturelle palestinienne, crée une section cinéma au bureau de l’OLP à Paris et diffuse films et affiches pour sensibiliser l’opinion publique.
• Naïm Khader, premier représentant de l’OLP en Belgique, est abattu le 1er juin 1981 à Bruxelles. Juriste, polyglotte, il entretenait un dialogue constant avec les intellectuels belges et participait à de nombreux colloques universitaires.
Ces figures, aux côtés de Ghassan Kanafani — écrivain et journaliste assassiné par une voiture piégée en 1972 — incarnent une génération d’intellectuels palestiniens et arabes qui, dans les années 1970, ont nourri un véritable mouvement culturel révolutionnaire en parallèle à la résistance armée, notamment au Liban.
Le pillage culturel de la Palestine
La Nakba de 1948 ne fut pas seulement un nettoyage ethnique marqué par des massacres et la destruction de plus de 500 villages. Elle fut aussi un pillage systématique du patrimoine culturel, spirituel et visuel palestinien : bibliothèques, archives, œuvres d’art.
L’historien israélien Adam Raz a documenté en 2023 ce pillage dans Le pillage des biens arabes pendant la guerre de 1948, qu’il décrit comme le plus grand braquage de l’histoire.
Aujourd’hui, une « seconde Nakba » frappe Gaza : massacres, destruction d’infrastructures, d’institutions culturelles, assassinat de poètes, écrivains, artistes et journalistes — un nombre de victimes sans précédent dans les guerres modernes.
Les chiffres sont alarmants :
• 45 écrivains et artistes tués
• 32 centres culturels et 12 musées détruits
• 2100 pièces de broderie traditionnelles perdues
• 27 fresques murales et 8 maisons d’édition anéanties
• ainsi que des bibliothèques, studios de production et sites historiques.
En Cisjordanie, l’occupation empêche les festivals, annule les célébrations patrimoniales et asphyxie les associations culturelles par des mesures administratives et financières, comme ce fut le cas pour le Théâtre El-Hakawati à Jérusalem.
La solidarité culturelle internationale : un levier essentiel
Face à cette guerre contre la culture palestinienne, la solidarité culturelle internationale est plus que jamais nécessaire : campagnes de boycott, initiatives artistiques et académiques, festivals, expositions et projections de films, soutien des universités et des intellectuels.
Ces actions renforcent la visibilité de la lutte palestinienne, rappellent son ancrage dans le droit international et jouent un rôle crucial dans les récentes reconnaissances diplomatiques de l’État de Palestine.
Conclusion
La culture demeure l’espace le plus vaste pour préserver l’identité palestinienne et l’une des principales portes d’entrée pour mobiliser la solidarité internationale. Elle est, aujourd’hui encore, un instrument de résistance et un espoir pour parvenir à la justice et à l’indépendance, à l’instar de tous les peuples en lutte à travers le monde.
La cultura palestinese: memoria e arma di liberazione
di Hassan Albalawi
Scrittore e ambasciatore dello Stato di Palestina in Mali
La cultura, memoria viva dei popoli
La cultura è la memoria dei popoli e delle nazioni, il simbolo della loro civiltà. È legata alla struttura fondamentale delle società. Pertanto, ogni nazione ha la sua cultura e ogni popolo i suoi riti e tradizioni che lo contraddistinguono.
Se questa affermazione è valida per tutti i paesi indipendenti e per tutti i popoli che vivono in relativa stabilità, lo è ancora di più per i popoli minacciati di estinzione.
La storia di tutte le forme di colonialismo moderno ci ha insegnato che la cultura è il primo elemento preso di mira dalle potenze coloniali per annientare un popolo, spezzarne la resistenza e mantenerne il controllo. La cultura, infatti, in tutte le sue forme, è testimonianza dell’esistenza di un popolo e della sua lotta per la libertà e l’indipendenza.
L’azione culturale diventa così un atto di resistenza per eccellenza, che spesso precede l’azione politica, militare o militante dei popoli sottoposti a occupazione.
Di conseguenza, è anch’essa presa di mira dalle forze occupanti, allo stesso modo di altre forme di lotta legittima.
Wael Zwaiter: la Resistenza attraverso la cultura
Se crediamo a queste affermazioni, è importante ricordare che proprio qui in Italia – patria del Rinascimento nelle arti, nell’architettura, nella letteratura, nella filosofia, nella scienza e nell’innovazione -, un intellettuale palestinese incarnava questa lotta culturale: Wael Zwaiter, il primo rappresentante dell’OLP a Roma, assassinato il 17 ottobre 1972 dai servizi segreti israeliani.
Nato nel 1934 a Nablus, figlio del pensatore e traduttore palestinese Adel Zwaiter, Wael completò gli studi secondari in Palestina e poi a Damasco, dove conseguì un dottorato in lingua araba e archeologia. Nel 1967 si trasferì in Italia e lavorò instancabilmente per difendere la causa palestinese e sensibilizzare l’opinione pubblica italiana e internazionale.
Fondò il mensile “Palestina”, tenne numerose conferenze e contribuì alla creazione del Comitato Italiano di Solidarietà con il Popolo Palestinese, che riuniva intellettuali e parlamentari.
Tra i suoi maggiori successi vi fu la traduzione italiana de Le mille e una notte, in collaborazione con l’orientalista Francesco Gabrieli. La sera del suo assassinio, Wael teneva in mano un volume di questo capolavoro, trafitto dai proiettili. Israele impedì il rimpatrio delle sue spoglie a Nablus; riposa nel campo di Yarmouk a Damasco.
Wael Zwaiter non ha mai imbracciato armi; il suo impegno era intellettuale, culturale e giornalistico. Fu proprio questa dimensione – ritenuta più pericolosa dell’azione militare – a portare alla sua liquidazione.
Altre figure di resistenza culturale
Wael Zwaiter non è un caso isolato.
- Ezzedine Kalak, il secondo rappresentante dell’OLP a Parigi, fu assassinato il 2 agosto 1978. Dottore in chimica all’Università di Poitiers, contribuì a promuovere l’identità culturale palestinese, creò una sezione cinema presso la sede dell’OLP a Parigi e distribuì film e manifesti per sensibilizzare l’opinione pubblica.
- Naïm Khader, il primo rappresentante dell’OLP in Belgio, fu assassinato il 1° giugno 1981 a Bruxelles. Avvocato e poliglotta, mantenne un dialogo costante con gli intellettuali belgi e partecipò a numerose conferenze accademiche.
Queste figure, insieme a Ghassan Kanafani, scrittore e giornalista assassinato da un’autobomba nel 1972, incarnano una generazione di intellettuali palestinesi e arabi che, negli anni Settanta, hanno alimentato un autentico movimento culturale rivoluzionario accanto alla resistenza armata, in particolare in Libano.
Il saccheggio culturale della Palestina
La Nakba (“la catastrofe”) del 1948 non fu solo una pulizia etnica segnata da massacri e dalla distruzione di oltre 500 villaggi. Fu anche un sistematico saccheggio del patrimonio culturale, spirituale e visivo artistico palestinese: biblioteche, archivi e opere d’arte.
Nel 2023, lo storico israeliano Adam Raz ha documentato questo saccheggio in “The Plunder of Arab Property During the 1948 War”, descritto come il più grande furto della storia.
Oggi una “seconda Nakba” sta colpendo Gaza: massacri, distruzione di infrastrutture e istituzioni culturali, assassinio di poeti, scrittori, artisti e giornalisti: un numero di vittime senza precedenti nelle guerre moderne.
Le cifre sono allarmanti:
- 45 scrittori e artisti uccisi
- 32 centri culturali e 12 musei distrutti
- 2.100 ricami tradizionali perduti
- 27 murales e 8 case editrici distrutte
- oltre a biblioteche, studi di produzione e siti storici.
In Cisgiordania, l’occupazione impedisce festival, cancella celebrazioni del patrimonio e soffoca le associazioni culturali attraverso misure amministrative e finanziarie, come nel caso del Teatro El-Hakawati di Gerusalemme.
Solidarietà culturale internazionale: una leva essenziale
Di fronte a questa guerra contro la cultura palestinese, la solidarietà culturale internazionale è più necessaria che mai: campagne di boicottaggio, iniziative artistiche e accademiche, festival, mostre e proiezioni cinematografiche, e sostegno alle università e agli intellettuali.
Queste azioni rafforzano la visibilità della lotta palestinese, ne ribadiscono le radici nel diritto internazionale e svolgono un ruolo cruciale nel recente riconoscimento diplomatico dello Stato di Palestina.
Conclusione
La cultura rimane il principale spazio per preservare l’identità palestinese e una delle principali vie di accesso per mobilitare la solidarietà internazionale. Rimane, ancora oggi, uno strumento di resistenza e una fonte di speranza per il raggiungimento della giustizia e dell’indipendenza, come tutti i popoli in lotta nel mondo.