Assemblée des citoyens et des citoyennes de la Méditerranée | Tunis
Deuxiéme Assemblée des citoyens et des citoyennes de la Méditerranée | 1-4 dicembre 2011 | Tunis
Agora 4 | Démocratie citoyenne: dialogue culturel et religieux
Citoyenneté, identité et diversité en Méditerranée
par Maria Donzelli
J’ai accepté de participer aux travaux de cette Assemblée essentiellement pour 2 raisons: 1 – vous rencontrer et vous écouter; 2 – vous communiquer les raisons, les résultats et les perspectives du travail fait dans les dernières années par le Centre d’Etude sur les Cultures de la Méditerranée de l’Université “l’Orientale” de Naples et par l’Association indépendante “Peripli. Culture e società euromedterranee”, que j’ai contribué à fonder et que j’ai l’honneur de présider. La rencontre et l’écoute sont à la base du fameux dialogue, un mot, si vous me permettez, très abusé dans le langage et dans les déclarations d’intentions, mais très peu pratiqué dans les faits. L’exigence de la rencontre et de l’écoute de l’autre naît de la conviction que l’identité – personnelle, nationale, sociale, culturelle etc. – est un processus complexe qui se fait dans l’échange créateur de la parole et des expériences. La diversité dans cette rencontre est nécessaire, car c’est dans l’écart de la diversité des positions que l’échange créateur devient possible et que l’histoire avance. J’insiste sur l’idée de l’échange, un mot qui d’habitude on utilise dans le langage économique du marché, mais qui a une potentialité bien plus ample si on le considère du coté du capital humain. J’insiste aussi sur l’idée de la créativité, une capacité propre de l’homme, qui dans tous les temps et dans toutes les cultures a caractérisé son action et ses produits, matériels et immatériels. Aujourd’hui cette attitude humaine devient de plus en plus nécessaire et nous devons la récupérer, car nous vivons dans une époque de grands changements, qui nous demandent des utiles conceptuels nouveaux: élargissement des nos connaissances, d’autres solutions par rapports à notre passé même récent, nouvelle envergure éthique, conscience de nos identités multiples et plurielles, reconnaissance et inclusion de la diversité comme valeur, qui met en mouvement notre histoire, par rapport à notre identité individuelle et à l’identité sociale. Sur les 2 rives de la Méditerranée nous vivons des transformations fondamentales: la mondialisation a imposé une accélération importante aux changements dus aux croisement des peuples et des idées, des flux des biens et des services, au point que par fois il est très difficile de saisir les caractéristiques spécifiques des différentes civilisations, celles qui ne peuvent pas changer sans dénaturer les dites civilisations. Dans l’ambition de construire une civilisation commune, au de là de la légitime diversité des cultures, nous risquions de perdre les aspects concrèts d’une pratique culturelle présente dans chaque identité, comme par ex. l’instruction, le rôle des femmes dans la société, l’image de l’autre représenté par l’immigrée, l’engagement éthique, etc. La perte de cette dimension pratique peut nous conduire vers l’incompréhension, vers la prévarication d’une culture sur l’autre, d’un système économique sur l’autre, d’une religion sur l’autre, vers une dérive qui finit par nier les droits, la dignité, la liberté, l’égalité des personnes, des sociétés et des peuples. La Méditerranée est un espace géographique où la cohabitation des diversités présentes n’est pas de tout facile; la Méditerranée est très loin d’être un espace publique partagé et pacifique: son histoire des guerres et de rencontres appartient a tous, mais chacun peut la raconter d’une manière différente et chacun peut revendiquer son rôle privilégié pour nier ou ignorer celui de l’autre. Cette diversité historique est d’ailleurs à la base des luttes actuelles des peuples de l’Afrique du nord, à la recherche d’une nouvelle dignité humaine, sociale et politique. La Méditerranée est un cimetière liquide qui englouti les corps de ceux qui cherchent de survivre en quittant leurs pays et en émigrant vers des autres pays, qui essayent de s’ouvrir à d’autres expériences culturelles et humaines, mais qui sont repoussés par des politiques sans logique et souvent contraires même aux droits de l’homme. La question est culturelle et la centralité des cultures dans le processus de reconnaissance réciproque et d’affirmation de la dignité des peuples ne peut pas être négligée. Toutefois les cultures ne sont pas une valeur en soi même, car l’histoire nous apprend que leur présence active sur les 2 rives de la Méditerranée, n’a pas augmenter notre humanité. Les cultures ont besoin de se traduire en processus concret de formation et d’éducation, fondés sur le respect des autres, sur la liberté, sur l’équité, sur la solidarité pour éviter les atrocités qu’on a commis et qu’on peut commettre au nom des cultures. Les changements les plus profonds de notre présent sont dus à certains phénomènes de la mondialisation, comme les migrations, le progrès technologique, les découvertes scientifiques et leur application, etc. Ces changement touchent surtout certains piliers de notre modernité occidentale : la conception de la démocratie, le marché du travail, la gestion des ressources humaines et financières, les relations sociales, les formes artistiques, la recherche dans tous le domaines, la communication et l’utilisation des medias, la perception des diversités culturelles, etc. Si, comme on le souligne Edgar Morin, les cultures les plus authentiques son celles métisses, il est évident que notre avenir doit se construire sur des nouvelles formes de métissage qui nous permettrons de créer, peut-être, des formes communautaires fondées sur l’identification des besoins communs, dont la satisfaction pourra se faire à travers l’utilisation des différents points de vue dus aux diversités culturelles. Dans les processus en acte, nous assistons d’un coté à l’affaiblissement des Etats-nation, de l’autre à la croissance du phénomène de la mondialisation. Ce 2 tendances accentuent la radicalisation des appartenances identitaires et l’affirmation d’un conflit entre 2 niveaux d’ identités : l’identité mondialiste et celle qui revendique sa spécificité originaire. La difficulté a résoudre ce conflit produit les formes les plus extrêmes de radicalisation, qui peut se traduire en violence, destructivité, auto destructivité, choc des civilisations, politiques répressives, fermetures identitaires et individuelles, guerres, utilisation des armes dangereuses, destruction de l’environnement à l’avantage du profit immédiat, emprise du capital financé sur les politiques des états, révoltes et tentatives des révolutions, corruption politique, etc. Ceci est le scénario de notre Méditerranée, qui nous semble être quelques fois un projet à construire, quelques fois un rêve, dont la réalité nous échappe.
Devant ce contexte inquiétant comment pouvons nous parler de citoyenneté méditerranéenne ? C’est une question que je me pose et que je vous pose, sur laquelle il n’est peut-être pas inutile de réfléchir brièvement. On peut considérer la citoyenneté moderne au moins sur 3 niveaux : – le niveau juridique qui produit la citoyenneté civile, et qui, à travers les lois, devrait garantir aux individus une série de droits fondamentaux (cf. John Locke) ; – le niveau politique qui produit la citoyenneté politique et qui s’exprime par le droit de vote dans un état constitutionnel et libéral ; – le niveau social, qui devrait garantir le droit à l’instruction, à la santé, aux services publiques etc., en un mot au welfare state. Voilà en synthèse extrême, l’histoire même du concept de citoyenneté et ses contenus, mises en discussion aujourd’hui par la crise des fondements du concept de citoyenneté. A ce sujet Geremy Rifkin affirme : «Jusqu’à présent les gouvernements ont été liés à la territorialité : ils sont des institutions pensées et construites pour administrer un territoire. Mais quand une grande partie de la vie sociale et économique se développera dans le monde immatériel du cyberespace, les institutions politiques encrées dans le territoire perdront d’importance et de visibilité ». En réalité dans le monde virtuel du cyberespace même la liberté acquière une autre signification : elle devient inclusion et accès, non plus autonomie et possession. La citoyenneté (et le débat sur ses droits) donc se déplace de la territorialité au web et à son accès. Ces constatations nous emmènent vers une série de problèmes complexes et au moins à la réflexion suivante : le 80% de la population mondiale est exclu des droits à l’accès ; c’est-à-dire que des milliards de personnes sont considérées non – personnes et non- citoyens; d’autre part l’occidentalisation du monde, avec la conséquente homologation des toutes les cultures, est un objectif poursuivi. Comment pouvons nous contraster cette tendance, et comment pouvons nous construire au même temps le sens d’appartenance à l’espace méditerranéen ? Je n’ai pas des réponses théoriques à ces questions : je suis la méthode du travail commun dans les domaines de la connaissance entre les cultures, de la formation et de l’éducation, de l’individuation des besoins communs dans la volonté de les satisfaire dans la diversité des points de vue et des perspectives, mais aussi dans la pratique interculturelle à travers la rencontre, les respect des diversités, les cours des formations partagés et communs, la recherche commune, l’échange dans la créativité de la poésie, de la littérature, des arts, de la philosophie, de la musique, du théâtre, du cinéma, dans le partage de nos histoires, différentes et communes au même temps, etc. Les institutions que je dirige, dans l’Université et dans l’autonomie d’une Association culturelle comme «Peripli», essayent de s’inspirer à ces idées, dans la conviction que il faut laisser naviguer les idées : ceci est le mot qu’on a choisi pour nos actions.
Charte Constitutive 2010 De l’Assemblée
Resolutions Finales De l’Assemblée
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